Gilles de Chasles

Poète autrement

  • Tartine

    Aux heures beurres, le bonheur est bon
    Et le glissé du couteau sur la tartine est allègre et plaisant
     La bouche en surplomb veille gourmande son gouffre entre les dents béant 
    
  • Tard aux Haas

    Tard aux Haas, la lumière rase

    Le sable est roux, j’ai froid

     Sur mes genoux, un chiffon

    Un griffonné aux mots souillons

    Une presqu’idée, très  encore rien

    Un vaurien,  ô voleur! Vif Désespoir!

     Il est tard aux Haas , et si tôt le soir !

    Au loin, le falot Fréhel balaie, ocre, le ciel

    Si frêle au crépuscule, l’été 23 s’éteint

    Le jour demain, ailleurs, aux petits soins

     Gilles de Chasles

  • Brulûres de pluie

    Il pleut dehors et pas ailleurs !

    Et alors ?

    Il fait beau chez les autres et je mouille !

    Je sais. Ça change quoi ?

    Alors mon malheur est patent et tu t’en fous ?

    Non, je n’ai ni bon ni malheur ;

    Juste une autre justice,

    Que celle de mes yeux.

    Je possède un cœur, main tendue

    Pour accueillir

    Et de la joie, main heureuse à offrir.

    Tu n’auras donc jamais avec moi

     Ni fortune, ni tort, ni raison.

    Mais de très beaux sourires,

    Pour riches rayons de soleil !

  • Bruit de lumière

    L’aube est naissante
    Et le soleil apparait.
    Et toi ?
    Qui es-tu à lui ?
    Que sens-tu,
    Aube naissante,
    Soleil, apparaitre
    En toi ?
    Que deviendras-tu,
    Passager,
    Passagère de la vie,
    Nuit et jour,
    Marcheuse
    Marcheur
    Simple
    Bruit
    De lumière
    Au fil du temps?

    Gilles de Chasles

  • Malouin des deux tempêtes

    Valse des mots, les syllabes emportées par le vent, je m’emporte contre l’air et la pluie, la grisaille et les autres, le tout ça et puis rien, et zut à la fin.
    Ma tempête intérieure prend le parti de cesser. Je suis, là, Bastion de Hollande. Le vent m’emporte. Je résiste. Il pleut. Je mouille. Pas grave. Je suis breton.
    Je suis breton Malouin. Les chiens du guet au derrière de la Vie. Face à moi, grandiose, le large et ses îlots forteresses. Mes familiers. Mon splendide. Mon paradis de là où je suis, présent, camaïeux de gris. Le jardin de mes enfants, heureux et voileux.
    ET je me regarde du haut de MOI-MÊME, ce minuscule rien au milieu de ce tout fouetté de tempête, les éléments s’accrochant à ce qu’il peuvent trouver sur leur propre chemin.
    Et soudain, je me rends compte que je suis fier Dinan, du fond de l’estuaire, devenu Malouin. Roc de chair en bord de mer, roc de rien, battu par le fouet de la vie.
    Je conclus, d’une pensée, mes yeux sont pleins de céleste acier, mes oreilles, les ouïes engorgées de souffle. Je dois m’en aller.

    Les chiens du guet peuvent me croquer, l’important, n’est pas de vivre au soleil mais d’être élément de vie, soleil de pluie au pays du vent.

    La vie n’est pas facile mais elle est si belle quand on prend soin de se regarder du plus haut de notre magnifique planète.

  • Shorties


    L’école de poésie à l’air Malouin, école que je veux un jour.

    . ‘

  • Vespérales de Saint Servan


    Bout au vent entre Alet et Moulinet
    Ils se sont enfuis du bureau, leur mercredi terminé ,
    Eux, les régatiers, fidèles aux vespérales
    Eux, les amoureux des vents aux beaux soleils couchants
    Ils sont là, tirant la langue et parfois, des bords.
    Ils sont là ensemble, s’espérant toujours les premiers au port.
    Qu’importe, au final, puisqu’après un large pot de l’amitié.
    Après une longue journée de travail, ils rentreront à la maison. Les derniers.

    Gilles de Chasles

  • Ailes douces fées, les AESH

    Elles sont amies, elles sont en bleu, unies
    Elles, si, jolies , en longues robes fleuries,
    Elles, à la différence, ailes, douces fées
    Elles, Laeti et ses sœurs, notre honte
    Salaire de misère, rien ne se fait.
    Îles délicates portant beauté
    Pour tant, si vaste archipel de bonté

  • Ainsi naquit ce rat et tout ça

     « Ecris-moi, dès à présent, une page blanche impromptue, dans laquelle mes mots erreraient à ne plus se savoir qu’autre maux. Des mordants. Des morsures. Des morts sots et des morts-peurs. Des s’écroulants. Des tremblements de pierres pour qui sonne le glas !  hurla ma vie, un jour, à mes saisons jusque-là, heureuses. 
     - Va-t’en délirante, lui postillonnai-je à la face d’un coup de pied au culot, je suis trop jeune ! Je ne serai jamais retenu. Je ne remplis aucun des critères décris d’aire !  
    Neuf mois plus tard, hélas, le mort mot était là. Il était gros. Il sentait bon le calembour show. Ne sachant lui donner un nom, le sort décida, pour tous, et pour longtemps :  Parkinson !
    -Vie de Merde ajoutai-je aussitôt, je serai ton fléau ! Je serai un malade heureux. Quoique tu entreprennes, je serai ton poison. » 
    Ainsi naquit ce que j’allais devenir ce rat et tout ça : un malade heureux     
    
  • Ne pas être

    Etre de la mauvaise couleur. Du parfum inopportun. De l’oreille manquante.  Du trop long nez pendant. Etre l’ailleurs que personne ne saurait voir ici alors que là -bas oui. Etre le nabot rejeté qui ose revenir nous narguer. Etre l’ami qui n’est plus. La femme, la pute, la salope. L’épouse qu’on n’aime plus. Le malade qu’on rejette. Le mort décédé en été. La vieille qui n’a plus toute sa tête.  Celle qui se pisse dessus.  Etre le gosse qui a chié dans son froc. Le curé défroqué. Le taré qui gratte le derrière de  sa mère. Le pauvre clodo. Le SDF. La dame pipi. L’ouvrier pressé.  La coiffeuse. Le menuisier. L’huissier de justice. Le client mécontent. L’employé qui répond. Ce sale con de patron. Le flic du coin. Le voisin qu’on ne peut pas blairer !

    Etre intolérable. Tous ces ceux-là et celles en trop !

    Et l’amour fraternel dans tout ça ?

    La France de toujours l’a réclamé ! Mais personne n’a répondu. Toujours occupée 

    A se mêler de ce qui ne la regarde pas et qu’on a vu à télé.
    La triste Gaule dans tous ses états !

Gilles de Chasles

Poète du quotidien transformé

“Il y a des jours où les mots ne viennent pas pour dire ce que l’on est. Alors on les invente.”