Sois courageux Accélère quand tu ralentis Agis quand tu n'en peux plus Souris quand tu pleures.
Sinon ? Arrête toi, ne fais rien, et sombre.
Alors ? Oublie les chanceux qui souffrent si peu Et souffre du mieux que tu peux Eux à ta place ne sont rien Toi à la leur ? Si fort, Qu'eux n'en pourraient plus! A toi le courage de faire A eux la lâcheté de croire.
Allez va et souffre tant que tu peux ! Ce sera toujours mieux qu'être couard !
Kevin n'a pas déjà dix ans Qu'à l'école, il s'ennuie Profondément De ce tunnel de temps Long et triste comme ce jour de pluie Pour échapper à son supplice d'enfant Il s'enfuit de là, sans que personne Ne le rattrape, le professeur est d'ailleurs, Dans sa leçon, Kevin lui est indifférent. Le programme scolaire, son seul intérêt L'inspecteur est là, jour d'inspection
Au départ de la fenêtre Le garçon est arrivé à destination De là, où lui seul sait aller Au royaume de ses questions Nombreuses et d'importance Quel est le volume d'une goutte de pluie ? Sa vitesse de chute? Leur nombre au mètre cube? Le nombre de molécules De H2 O ?
Soudain, l'inspecteur s'approche De Kévin, pas des réponses A son bouillant questionnement Sous l'œil terrorisé du professeur Qui s'aperçoit, trop tard Que reproche lui sera fait D'avoir négligé le petit Kévin Cet enfant attachant Dont il court après le mystère Qu'il connait si bien Et L'inspecteur De Si loin. Ou Si... Peu ?
Hein ? Bonhomme ! Euh, pardon, c'est pourquoi ? Ça ne t'intéresse pas, Ce que dit ton professeur ? Heu, si mais je le sais déjà. Tu ferais mieux d'écouter, L'école est là pour toi. Pour t'aider à apprendre Et à devenir grand . Oui. Monsieur… Enfin, non.. oui ?
L'inspecteur retourne s'asseoir Content d'être venu au secours De cet enfant rêveur Et oublié, il en fera mention Sans son rapport D'inspection Kévin lui Est déjà reparti Dans la question suivante Celle De la composition chimique De la goutte de pluie
Kévin n'a pas dix ans Qu'à l'école il s'ennuie Profondément.
Il me ressemble tant Moi, l'enfant Qui suis devenu son professeur De cette école Qui décidément Ne nous comprend pas.
Fin de l'histoire ? Ou D'un échec ?
Institutionnel ? Ou Professionnel ?
Il pleut Et je m'évade De cette école Qui continue À nous faire mal A Kevin Surtout
L’élan de la descente en esse Au sortir de Sainte Croix De la nonchalante paresse La gravité pousse vers le bas
Dernières bâtisses Anarchiques et indifférentes Le regard sur leur façade glisse Entraîné par la fougue de la pente
Saillant la jusque là grisâtre monotonie Jaillit la somptueuse lumière utérine D’un porche dépassé par l’honneur D’être l’incandescente bouche du bonheur
A cette extraordinaire et propice chance, Solidor offre enfin la naturelle beauté de son anse
Maritime et variable au gré du temps et du vent Elle échappe avec malice à l’instable regard de l’inconscient qui passe las.
A low angle shot of a group of people walking on the street
On connait tous des gens. Mais, au fond, on n'en a rien à foutre des gens Car, qui sont-ils ces gens, masse molle et informe, Troupe d'anonymes au faciès morne ? Les gens, ce sont tous les autres sauf nous. Nous, je veux dire moi. Moi, à l'ego triomphant et capricieux. Fier de ma connerie et de mes suffisances. Taiseux de ce que je peux être et de mes insuffisances. Pour les autres, moi aussi, je suis des gens. Minable anonyme, petit et prétentieux Pourtant, sans vous, les gens, je me sens seul et pitoyable. De cette solitude pesante, possible et oppressante, j'en ai créé un cri. Un cri d'amour, un cri du cœur : Gens, je vous aime! Non par défaut : Vous êtes le reflet de mon âme. Vous êtes moi. Je suis vous. Gens, je vous aime de toute mon âme. Car je suis vous.
Extirpé de son ailleurs contre son gré Poussé par la faim sur la mer, non sans regrets De quitter père, mère, famille, et amis Le voilà arrivé à Lampedusa Soulagé d’avoir échappé à l’au-delà, Hagard et en vie, Il est là, trempé, soulagé et à votre avis, ... ?
Vous êtes-vous un jour demandé Si de l’un ou de l’autre, vous étiez l’autre. Au pile ou face de la destinée Celle qui vous poussé jusque-là, à l’aube ?
De votre désillusion, car le bagne Vous attend au pays de cocagne Pour satisfaire la médiocre vie de l’un Qui a fait de vous son homme de main
Invisible qui lui rend service Vous voir le mène au supplice De tant vous ressembler dans votre différence A qui profite l’offense ?
Lui a migré de son pays, Et vous de votre humanité, A l’homme haï Qui êtes-vous en réalité ?
Celui qui ne se contente pas du bonheur D’avoir à si vil prix un serviteur ? Si vous le renvoyez, qui s’occupera D’exécuter ce que vous ne voulez pas ?
A qui profite l’offense D’exacerber à ce point notre différence Le rendant coupable de notre indifférence Et coupable de notre défiance ?
L’un et l’autre depuis toujours ne faisons qu’un Sauf aux yeux de cupides coquins Prêts à tout pour tout obtenir de vous : Votre honte, votre dignité et vos sous.
Le coupable est là, peut-être vous ? De cette histoire de fous et de faim, Ne serait-il pas temps d’en siffler la fin Notre cupidité, notre soif de plus que tout,
De pas assez ou de trop Ne mérite-t-elle pas que nous soyons généreux du cœur Et avare en rancœurs, Pour nous sortir tous de ce marigot ?
La terre est vaste, nous n’avons rien à perdre D’abandonner nos peurs au profit de notre envie de meilleur De substituer à la préférence nationale, celle du bonheur De faire de nous des hommes dignes et intègres
Nous avons cette unique responsabilité De faire perdurer l’Humanité, C’est énorme et bien assez Pour ne pas nous égarer en stériles conflits d’intérêts.
Gilles de Chasles
Poète du quotidien transformé
“Il y a des jours où les mots ne viennent pas pour dire ce que l’on est. Alors on les invente.”