Frêle, la parisienne au maillot

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Elle a pris le premier train.
Celui du samedi matin
Et qu’importent les vents et gris
Et les prairies de piquants aux jambes, et aux ailleurs surpris.
Son entier assoiffé d’air, d’iode de mer et de large,
Elle suffoquait, elle n’en pouvait plus, son époux mourant.

Volant à l’étouffant, sac, maillot, serviette
Peigne, pagne, précipitation et le reste
Elle s’est enfuie de Paname, sciemment.
Le bleu et gris TGV à l’ouest courant

Son vieux compagnon à l’abandon
Avait patienté seul, à la douane de vie
Ils s’étaient tout dit
Les beaux moments, les trahisons

Cette nuit, comme les autres aux jours pesants, les longues heures si lasses
Le vieux téléphone noir a prévenu la fin de sa grâce

La voici, à présent à leur vieil or Malouin
Elle et l’âme de son homme, au loin
Au Sillon, à demi nue, frêle, aigrette
Oiselle blanche , sur la plage
Le grelottant aux dents en castagnettes
La voilà s’offrant au proche futur, grand ouvert

Si.
Et déjà

Tellement
Seule.

Gilles de Chasles

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