Category: poèmes personnels

  • Ou le triomphe de la modernité ?

    Vingt ans auparavant, elle s’appelait Marcelle. 
    Elle était déjà vieille, mais habitait chez elle.
    Dans sa grande maison, seule, veuve de son Paul
    Elle souriait à la vie, la tête sur les épaules.

    Aujourd’hui, à la voir, si peu, en vérité
    Du haut de ses cent ans ; son esprit l’a quitté
    La tête sur le lit, les yeux vers le mur, clos
    Simple bouche à nourrir, oubliée de la mort.
    Elle réside à l’ehpad, combien de temps encore ?
    Sa dignité partie, secs seront les sanglots.

    Le président l’a dit, un soir, quoiqu’il en coûte.
    L’héritage en fumée, l’avenir en déroute,
    La télé de la peur, il faut sauver l’Ehpad.
    Les enfants vaccinés, plus de promenade.

    Le virus l’a-t-il su ? Marcelle ne l’a pas vu.
    Elle est décédé seule, la mort étant revenue.
    Cercueil en sac plastique, morte Covid pour l’Etat.
    Seule sans pompe funèbre, ni curé en tout cas.

    La mort a ses oublis, ses victimes se comptent.
    Comptes bancaires dévastés, vils mouroirs de la honte.
    Mamies privées d’amour, le dimanche excepté
    Seul jour de la vie , la peur de la mort a gagné.

    Est-ce là le triomphe de la modernité ?
  • Poème à la disposition des personnes en deuil


    Triste et lourde est ma vie
    Les jours gris sont sans fin
    L’éternité, sans tain.
    L’amertume d’être en vie
    J’erre, je ne sais plus, goût de rien
    Où, pourquoi, quand n’ont plus de sens
    Désespoir, je demande clémence
    Je suis vide de toi, tu le sais bien


    Triste et lourde est ma vie
    Les jours gris sont sans fin
    L’éternité, sans tain.
    L’amertume d’être en vie
    J’erre, je ne sais plus, goût de rien
    Où, pourquoi, quand n’ont plus de sens
    Désespoir, je demande clémence
    Je suis vide de toi, tu le sais bien

    Les larmes en guise de mots,
    Je ne sais plus quoi dire.
    Ton sourire me revient parfois
    Beau message, je te sais en paix
    Les rimes m’agacent,
    ta poésie n’est plus
    Et je pleure du mieux que je peux.

    Tristesse , tu me remplis
    L’heure viendra, je le sais,
    De t’abandonner
    Je n’y pense pas ,
    j’ai encore trop mal

    © Gilles de Chasles

  • À ne pas être en mesure d’être,
    On préfère le paraître.
    On fera mieux de dire notre incapacité
    Ça se verrait moins, d’être en vérité.

  • A Saint-Malo, des flots, le visage mouvant 
    Des nombreuses couleurs, au vaste fil des heures
    Courant des pleines marées au bas du jusant
    Illumine notre joie du plus grand des bonheurs.

    Des mémoires d’outre tombe au tombeau du Poète
    De l’Estuaire de la Rance à la proche Cézembre
    Des journées de soleil aux plus viles tempêtes
    Et la grâce s’étend, de janvier à Décembre

    Des riches heures passées, des remparts à errer
    Le corps sur terre, l’esprit ailleurs, ou au contraire
    Mon âme s’émeut des amoureux rencontrés

    Car, à Saint-Malo, de ses effluves marines
    À la confluence des énergies magnifiques
    Spirituel et fidèle, je me suis fait bernique.



    Poème dédié à tous mes amis malouins , et voisins.
    Et tout particulièrement.

  • Injustice, ô combien je te méprise 
    De ton arrogance d’avoir tort,
    De m’assoiffer de ma juste raison !

    De ton impuissance à crier victoire,
    De tes crocs rageux tu me mords
    Espérant m’abattre, tu me rends fort
    La certitude éclairant mon désespoir.

    De mon écorce dont tu fais charpie
    De toutes ces amitiés soudain enfuies
    Au vent du temps inintelligent de la crainte
    Coule en moi la sève de la sérénité à peine feinte

    Un jour, du ciel gris de ces jours douloureux,
    Réapparaîtra la chaleur et la lumière de la vérité
    Je jubilerai alors d’un sourire intérieur, je serai heureux
    Au confluent des temps futur et présent,
    J’humerai l’air délicat et frais de la vie qui va.
    Tant pis pour la cicatrice, les amitiés esseulées.

    Je serai là.
    Droit
    Face à toi.
    Je te regarderai .
    Sans baisser les yeux.
    Le regard fier d’avoir eu raison
    Quand la raison me donnait tort.

    La vérité du présent n’existe jamais,
    Seule compte celle du temps qui reste.
    Ne l’oublie jamais.
    Imprudente pressée








  • Le regard haut, sois !

    Handicapé, 

    Sois courageux
    Accélère quand tu ralentis
    Agis quand tu n'en peux plus
    Souris quand tu pleures.

    Sinon ?
    Arrête toi, ne fais rien, et sombre.

    Alors ?
    Oublie les chanceux qui souffrent si peu
    Et souffre du mieux que tu peux
    Eux à ta place ne sont rien
    Toi à la leur ? Si fort,
    Qu'eux n'en pourraient plus!
    A toi le courage de faire
    A eux la lâcheté de croire.

    Allez va et souffre tant que tu peux !
    Ce sera toujours mieux qu'être couard !

    © Gilles de Chasles
  • L’élan de la descente en esse
    Au sortir de Sainte Croix
    De la nonchalante paresse
    La gravité pousse vers le bas

    Dernières bâtisses
    Anarchiques et indifférentes
    Le regard sur leur façade glisse
    Entraîné par la fougue de la pente

    Saillant la jusque là grisâtre monotonie
    Jaillit la somptueuse lumière utérine
    D’un porche dépassé par l’honneur
    D’être l’incandescente bouche du bonheur

    A cette extraordinaire et propice chance,
    Solidor offre enfin la naturelle beauté de son anse

    Maritime et variable au gré du temps et du vent
    Elle échappe avec malice à l’instable regard de l’inconscient qui passe las.