
A l’heure où blanchit la campagne,
Je rirai. Vois tu, je sais que tu m’attends
J’irai par le fou rire, j’irai par la joie
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Poète autrement
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A l’heure où blanchit la campagne,
Je rirai. Vois tu, je sais que tu m’attends
J’irai par le fou rire, j’irai par la joie
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
SDF aux frontières de ta bonne conscience

Anthony, l’assis par terre qu’on regarde de loin
Boit plus qu’il ne faut, certainement plus par besoin
D’une accoutumance, plus que du goût du flacon
Qu’il aima un jour trop par pure déraison
Anthony, même pas punk à chien, doux comme la vie
Philosophe à ses heures, assis sur le parvis
De sa chienne d’existence, à ce départ raté
Des jupons de sa mère, de son sein abandonné.
On lui jette une pièce comme pour acheter la sienne
L’amour au fond des poches, le regard de honte en berne
Pour mieux l’oublier le temps de trois à cinq pas
De sa propre peur de l’indécence du temps
À attendre sa vie comme son meilleur ennui,
à regarder ses mains à ne savoir qu’en faire,
Il vit la trahison de son imaginaire
Béat, innocent de tous ses rêves qui fuient
Toi passant devant lui, ne te fais pas le complice
Du risque de déchéance de son importance
Oublie ta triste pièce, porte lui assistance
Assieds-toi près de lui, ne te fais pas police
Assieds-toi et entends-le te narrer ses rêves
N’écoute pas tes poches, garde-toi de tout reproche
Ecoute attentivement ce qui vous rapproche
De ta pièce, tu l’enfonces ; de toi seul, tu le lèves
Et accorde toi d’être misère magicienne
Prestidigitateur capable de peut-être
Espérer n’a jamais tué ni homme ni possible.
Rappel à la raison

Un mouton de poussière était là
Banalement là, au ras de la terre
Balloté de ci, de là, aux doux aléas
Des malicieux courants d’air
Lorsque, se fit entendre soudain
Le ronronnement sourd et lointain
Inquiétant machinal et constant
D’une approche au futur angoissant
Le mouton sans aucune expérience
Au plus fort de sa réelle insouciance
L’ignora le plus longtemps qu’il put
Sans l’émouvoir autant qu’il fallut
Le caractère désormais éphémère
Et angoissant de sa fébrile carrière
Était suspendu au probable attentat
A moins que ce projet lointain n’avortât
Stoïque, exemplaire, incorruptible
À l’annonce de l’inévitable glas à venir
Notre mouton scruta sobrement son avenir
Délaissant son trépas à ce point si prévisible
Puisque le balai de l’aspirateur était
Désormais là, au plus près de lui.
Pitoyable fut la fin de ce grand dadais
La probité aurait tant souhaité qu’il s’enfuit !
Mais non ! A notre plus grand dam
Cet imbécile ne résista pas, l’infâme !
En guise de morale ,
A cette banale fable
Il est certe opportun
De nous rappeler, car certain
Que nous aussi ne sommes que poussières
Qui face à l’aspiration du temps
Ne serons guère plus fiers
Que ce mouton dont nous espérions tant.
© 2021 Gilles de Chasles

Kevin n'a pas déjà dix ans
Qu'à l'école, il s'ennuie
Profondément
De ce tunnel de temps
Long et triste comme ce jour de pluie
Pour échapper à son supplice d'enfant
Il s'enfuit de là, sans que personne
Ne le rattrape, le professeur est d'ailleurs,
Dans sa leçon, Kevin lui est indifférent.
Le programme scolaire, son seul intérêt
L'inspecteur est là, jour d'inspection
Au départ de la fenêtre
Le garçon est arrivé à destination
De là, où lui seul sait aller
Au royaume de ses questions
Nombreuses et d'importance
Quel est le volume d'une goutte de pluie ?
Sa vitesse de chute?
Leur nombre au mètre cube?
Le nombre de molécules
De H2 O ?
Soudain, l'inspecteur s'approche
De Kévin, pas des réponses
A son bouillant questionnement
Sous l'œil terrorisé du professeur
Qui s'aperçoit, trop tard
Que reproche lui sera fait
D'avoir négligé le petit Kévin
Cet enfant attachant
Dont il court après le mystère
Qu'il connait si bien
Et L'inspecteur
De Si loin.
Ou
Si...
Peu ?
Hein ?
Bonhomme !
Euh, pardon, c'est pourquoi ?
Ça ne t'intéresse pas,
Ce que dit ton professeur ?
Heu, si mais je le sais déjà.
Tu ferais mieux d'écouter,
L'école est là pour toi.
Pour t'aider à apprendre
Et à devenir grand .
Oui. Monsieur…
Enfin, non.. oui ?
L'inspecteur retourne s'asseoir
Content d'être venu au secours
De cet enfant rêveur
Et oublié, il en fera mention
Sans son rapport
D'inspection
Kévin lui
Est déjà reparti
Dans la question suivante
Celle
De la composition chimique
De la goutte de pluie
Kévin n'a pas dix ans
Qu'à l'école il s'ennuie
Profondément.
Il me ressemble tant
Moi, l'enfant
Qui suis devenu son professeur
De cette école
Qui décidément
Ne nous comprend pas.
Fin de l'histoire ?
Ou
D'un échec ?
Institutionnel ?
Ou
Professionnel ?
Il pleut
Et je m'évade
De cette école
Qui continue
À nous faire mal
A Kevin
Surtout
Moi je suis
Devenu
Grand
Messages aux ultra-riches

Salauds de pauvres, riches à foison
Assoiffant l’autre plus que de raison.
Pleins aux as et si pauvres en cœur
Qu’ils laissent les autres crever de leurs peurs
Salauds de pauvres, riches en crainte de manquer de rien
Empêchant l’autre de manger un tout si petit rien
Se croyant si forts qu’ils sont si fragiles
De tout perdre, leur talon d’Achille
Crever de votre plein de fric, pétez-vous-en la panse !
Oubliez de partager, vous savez ce que le monde en pense.
Ultra-riches, continuez à vous enrichir à outrance
Vivez pleinement votre vie de ratés d’humanité,
Seuls à votre table quand les autres sont nombreux
Votre âme le sera tout autant dans l’éternité

On connait tous des gens.
Mais, au fond, on n'en a rien à foutre des gens
Car, qui sont-ils ces gens, masse molle et informe,
Troupe d'anonymes au faciès morne ?
Les gens, ce sont tous les autres sauf nous.
Nous, je veux dire moi. Moi, à l'ego triomphant et capricieux.
Fier de ma connerie et de mes suffisances.
Taiseux de ce que je peux être et de mes insuffisances.
Pour les autres, moi aussi, je suis des gens.
Minable anonyme, petit et prétentieux
Pourtant, sans vous, les gens, je me sens seul et pitoyable.
De cette solitude pesante, possible et oppressante, j'en ai créé un cri.
Un cri d'amour, un cri du cœur :
Gens, je vous aime!
Non par défaut : Vous êtes le reflet de mon âme.
Vous êtes moi. Je suis vous.
Gens, je vous aime de toute mon âme.
Car je suis vous.

Extirpé de son ailleurs contre son gré
Poussé par la faim sur la mer, non sans regrets
De quitter père, mère, famille, et amis
Le voilà arrivé à Lampedusa
Soulagé d’avoir échappé à l’au-delà,
Hagard et en vie,
Il est là, trempé, soulagé et à votre avis, ... ?
Vous êtes-vous un jour demandé
Si de l’un ou de l’autre, vous étiez l’autre.
Au pile ou face de la destinée
Celle qui vous poussé jusque-là, à l’aube ?
De votre désillusion, car le bagne
Vous attend au pays de cocagne
Pour satisfaire la médiocre vie de l’un
Qui a fait de vous son homme de main
Invisible qui lui rend service
Vous voir le mène au supplice
De tant vous ressembler dans votre différence
A qui profite l’offense ?
Lui a migré de son pays,
Et vous de votre humanité,
A l’homme haï
Qui êtes-vous en réalité ?
Celui qui ne se contente pas du bonheur
D’avoir à si vil prix un serviteur ?
Si vous le renvoyez, qui s’occupera
D’exécuter ce que vous ne voulez pas ?
A qui profite l’offense
D’exacerber à ce point notre différence
Le rendant coupable de notre indifférence
Et coupable de notre défiance ?
L’un et l’autre depuis toujours ne faisons qu’un
Sauf aux yeux de cupides coquins
Prêts à tout pour tout obtenir de vous :
Votre honte, votre dignité et vos sous.
Le coupable est là, peut-être vous ?
De cette histoire de fous et de faim,
Ne serait-il pas temps d’en siffler la fin
Notre cupidité, notre soif de plus que tout,
De pas assez ou de trop
Ne mérite-t-elle pas que nous soyons généreux du cœur
Et avare en rancœurs,
Pour nous sortir tous de ce marigot ?
La terre est vaste, nous n’avons rien à perdre
D’abandonner nos peurs au profit de notre envie de meilleur
De substituer à la préférence nationale, celle du bonheur
De faire de nous des hommes dignes et intègres
Nous avons cette unique responsabilité
De faire perdurer l’Humanité,
C’est énorme et bien assez
Pour ne pas nous égarer en stériles conflits d’intérêts.