SDF aux frontières de ta bonne conscience

Anthony, l’assis par terre qu’on regarde de loin
Boit plus qu’il ne faut, certainement plus par besoin
D’une accoutumance, plus que du goût du flacon
Qu’il aima un jour trop par pure déraison
Anthony, même pas punk à chien, doux comme la vie
Philosophe à ses heures, assis sur le parvis
De sa chienne d’existence, à ce départ raté
Des jupons de sa mère, de son sein abandonné.
On lui jette une pièce comme pour acheter la sienne
L’amour au fond des poches, le regard de honte en berne
Pour mieux l’oublier le temps de trois à cinq pas
De sa propre peur de l’indécence du temps
À attendre sa vie comme son meilleur ennui,
à regarder ses mains à ne savoir qu’en faire,
Il vit la trahison de son imaginaire
Béat, innocent de tous ses rêves qui fuient
Toi passant devant lui, ne te fais pas le complice
Du risque de déchéance de son importance
Oublie ta triste pièce, porte lui assistance
Assieds-toi près de lui, ne te fais pas police
Assieds-toi et entends-le te narrer ses rêves
N’écoute pas tes poches, garde-toi de tout reproche
Ecoute attentivement ce qui vous rapproche
De ta pièce, tu l’enfonces ; de toi seul, tu le lèves
Et accorde toi d’être misère magicienne
Prestidigitateur capable de peut-être
Espérer n’a jamais tué ni homme ni possible.