Vingt ans auparavant, elle s’appelait Marcelle. Elle était déjà vieille, mais habitait chez elle. Dans sa grande maison, seule, veuve de son Paul Elle souriait à la vie, la tête sur les épaules.
Aujourd’hui, à la voir, si peu, en vérité Du haut de ses cent ans ; son esprit l’a quitté La tête sur le lit, les yeux vers le mur, clos Simple bouche à nourrir, oubliée de la mort. Elle réside à l’ehpad, combien de temps encore ? Sa dignité partie, secs seront les sanglots.
Le président l’a dit, un soir, quoiqu’il en coûte. L’héritage en fumée, l’avenir en déroute, La télé de la peur, il faut sauver l’Ehpad. Les enfants vaccinés, plus de promenade.
Le virus l’a-t-il su ? Marcelle ne l’a pas vu. Elle est décédé seule, la mort étant revenue. Cercueil en sac plastique, morte Covid pour l’Etat. Seule sans pompe funèbre, ni curé en tout cas.
La mort a ses oublis, ses victimes se comptent. Comptes bancaires dévastés, vils mouroirs de la honte. Mamies privées d’amour, le dimanche excepté Seul jour de la vie , la peur de la mort a gagné.
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