Rappel à la raison

Un mouton de poussière était là
Banalement là, au ras de la terre
Balloté de ci, de là, aux doux aléas
Des malicieux courants d’air
Lorsque, se fit entendre soudain
Le ronronnement sourd et lointain
Inquiétant machinal et constant
D’une approche au futur angoissant
Le mouton sans aucune expérience
Au plus fort de sa réelle insouciance
L’ignora le plus longtemps qu’il put
Sans l’émouvoir autant qu’il fallut
Le caractère désormais éphémère
Et angoissant de sa fébrile carrière
Était suspendu au probable attentat
A moins que ce projet lointain n’avortât
Stoïque, exemplaire, incorruptible
À l’annonce de l’inévitable glas à venir
Notre mouton scruta sobrement son avenir
Délaissant son trépas à ce point si prévisible
Puisque le balai de l’aspirateur était
Désormais là, au plus près de lui.
Pitoyable fut la fin de ce grand dadais
La probité aurait tant souhaité qu’il s’enfuit !
Mais non ! A notre plus grand dam
Cet imbécile ne résista pas, l’infâme !
En guise de morale ,
A cette banale fable
Il est certe opportun
De nous rappeler, car certain
Que nous aussi ne sommes que poussières
Qui face à l’aspiration du temps
Ne serons guère plus fiers
Que ce mouton dont nous espérions tant.
© 2021 Gilles de Chasles
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